samedi 14 mai 2011

LE SOUTIEN A L'EXPOSITION: La rhétorique de Janine Kotwica

Janine Kotwica, en réponse à la censure exercée par Christian Manable, lui a adressé une lettre ouverte le 9 mai, soit trois jours après la sentence.

Cette lettre s’apparente à un exercice de rhétorique dont la ligne principale est de ridiculiser l’adversaire.
Cet objectif passe premièrement par le vocabulaire. A Christian Manable est associé un vocabulaire spécialement négatif (« vilainie », « ignoble », « mépris »….) que nous voyons opposé à l’Institution (institution de la République : « Marianne », « service public »… et institution culturelle : « Louvre », « Musée d’Orsay », « Jack Lang »… ). Les références culturelles (« Léo Kouper », « art dégénéré », « Lucian Freud »…) participent de cette surenchère et induisent l’ignorance de Christian Manable.  Les champs lexicaux de la censure et de sa dénonciation se voient retournés par les lexiques liés à l’aura des artistes, à l’empathie et au respect.

Face à Christian Manable, qui a interdit l’exposition sans se justifier encore, à la date du 9 mai, l’intelligence et la culture font clairement triompher Janine Kotwica qui dans une longue lettre, use d’un vocabulaire riche et instruit. Son texte, très litéraire, nourri de références (« Anastasie », « oukase », « Tartuffe »), s’oppose à la censure et à la bêtise qu’elle associe à son adversaire, jusqu’à le déposséder de ce que qui fait le prestige de sa fonction.

Plus encore, c’est quand elle utilise la conviction par l’absurde qu’elle renforce sa position (« Dans une époque où la burqa fait débat, ne seraient-ils pas tentés de voiler, au Louvre, la nudité de la Vénus de Milo, d’occulter, à Orsay, L’Origine du monde, et dans nos mairies, de cacher le sein qu’ils ne sauraient voir de notre jolie Marianne ? »). Elle pousse la logique de Christian Manable à bout pour montrer le ridicule de ses raisonnements.

La lettre, qui alterne gravité et humour, rappelle l’importance et la dangerosité de la censure, tout en remettant l’exposition dans son contexte de « culture et de plaisir ». Si Janine Kotwica finit la lettre de façon plus menaçante, c’est pour mieux prévenir Christian Manable des retombées néfastes pour son image d’homme politique de territoire, et non pour jouer des poings. 

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