samedi 14 mai 2011

LES ARGUMENTS DU SOUTIEN: Le Point de vue de la presse

L’interdiction de l’exposition a donné lieu à de très nombreux articles de presse, dans la presse généraliste, comme dans la presse spécialisée (arts ou livre). Comme à chaque fois, on peut se demander si les polémiques suscitées par les interdictions n’ont pas l’effet inverse à celui voulu par les censeurs.
Si certains journalistes se limitent à un rappel des faits un peu ironique, la plupart parle de l’affaire comme d’un acte de « censure », beaucoup moquent la décision de président du Conseil Général, et la jugent démesurée au regard des illustrations sélectionnées.
On retrouve fréquemment les expressions suivantes :
  • Concernant les œuvres programmées, « très chaste », « pas de quoi fouetter un chat », « gentiment érotique », « érotisme bon enfant », « humour », « sensualité », « dessins coquins »…
  • Concernant l’élu et sa décision, « trouille », « pudibonderie », « pétochard », « censeur », « censure », « autocensure », « ridicule »…
Aucun journaliste ne cautionne le motif de l’annulation. Des journalistes rappellent à juste titre que le lieu de l’exposition n’est pas une bibliothèque ouverte aux enfants comme pourrait l’être une bibliothèque municipale. Personne ne voit ni pédophilie, ni misogynie dans les œuvres. On critique plutôt l’amalgame simpliste fait par le Conseil Général entre « illustrateurs de publications jeunesse » et « dessins érotique ». Certains regrettent que le titre pourtant préventif de l’exposition ne suffise à distinguer comme public cible un public déjà initié : « Pour adultes seulement ».

Concernant cette interdiction, plusieurs journalistes mettent en parallèle plusieurs affaires (Présumés innocents à Bordeaux, Larry Clarck au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, ou Reiser au Festival de Saint Malo…). Certains s’inquiètent et opposent les valeurs de gauche (invoquées différemment par Manable) et les actions de censure, ou pointe la trop grande prudence des pouvoirs publics pour se prémunir d’éventuelles attaques, et les dérives de l’autocensure sur le monde de l’art et sur les publics. La presse moque aussi l’isolement de la décision du président, et ironise sur son seul soutien qu’il a reçu, en la personne de Wallerand de Saint Just, conseiller régional de Picardie, et secrétaire départemental du Front National.

La presse dénonce aussi la manière dont la décision a été annoncée à la commissaire, et la date à laquelle la décision a été prise. Elle moque la « maladresse de gestion et de communication pour une institution départementale. », le « dysfonctionnement interne »… (Le Courrier Picard, 28/09/2010 : http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Les-dessins-censures-ont-trouve-leurs-avocats2) Quant à l’argument de Christian Manable, distinguant service public et galerie privée (voir la rubrique Culture publique), le Monde ironise : « Ce projet est évalué à 10 000 euros (honoraires de Mme Kotwica, catalogue, affiche, cartes postales, promotion). C'est un rapport qualité-prix remarquable. C'était une aubaine pour un tel lieu d'accueillir cette exposition. C'est une belle opportunité pour un autre lieu, dans la Somme ou ailleurs, qui pourrait récupérer la mise. » (voir l'article du Monde du 3/06/2010, de Michel Guérin : http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/06/03/cachez-ces-dessins-erotiques-qui-heurtent-le-president-du-conseil-general_1367238_3246.html)
Ce qui fut le cas au Barreau des avocats d’Amiens.


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